Les connaissances scientifiques : Que sait-on sur la pollution des sols et la décontamination des animaux ? Martinique

Les sols sont le réservoir principal de la pollution par la chlordécone. La molécule y est extrêmement persistante. S’il n’existe pas encore de technique viable de décontamination des sols, cet enjeu est prioritaire pour les programmes de recherche soutenus par la stratégie chlordécone. Sur le terrain, des solutions sont mises en œuvre. La carte de contamination des sols permet, sur les terres polluées, d’adapter les cultures et les techniques d’élevage pour la production de denrées saines.

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Tous les sols de Martinique sont-ils contaminés ?

Non – La zone à risques concerne 2/5 (soit 40%) de la surface agricole utile de Martinique. La surface agricole utile désigne l’ensemble des terres consacrées à des activités agricoles.

Carte des sols contaminés en Martinique : quels niveaux de pollution ?

Des travaux de suivi de la contamination sont mis en œuvre pour :

  • Modéliser les transferts de pollution
  • Cartographier la pollution des sols

Ces travaux permettent d’évaluer les risques et confirmer les taux de chlordécone dans le sol, pour adapter les types de culture.

  • 25%

    des surfaces à risque ont été analysées en Martinique

Pour faire le point sur votre terrain:

– Si vous êtes un particulier : le programme JAFA, coordonné par l’association Promotion Santé Martinique, vous accompagne. Faites analyser gratuitement votre sol

– Si vous êtes un cultivateur : la Chambre d’Agriculture vous accompagne. Faites analyser gratuitement votre exploitation

– Si vous êtes un éleveur : le groupe de défense sanitaire de la Martinique (GDSM) est là pour vous accompagner. Découvrez comment protéger votre élevage de la contamination

Même sur sols contaminés il est possible d’obtenir des productions agricoles saines car elles ne sont pas toutes sensibles à la contamination, et des techniques agricoles alternatives existent.

Sur un sol pollué, on peut par exemple cultiver des arbres fruitiers sans risque de contamination. La molécule de chlordécone ne remonte pas dans le fruit et la feuille.

Combien de temps la chlordécone reste-t-elle dans le sol ?

À ce jour, il n’y a pas de consensus scientifique sur la durée de vie de la chlordécone dans les sols tropicaux. Les scénarios oscillent entre plusieurs dizaines d’années à plusieurs siècles. La teneur des sols en chlordécone dépend également du type de sol (qui, en fonction de ses propriétés, fixe plus ou moins la molécule).

Par ailleurs, les produits de la dégradation de la chlordécone peuvent aussi être toxiques et sont en cours d’étude.

La gestion et le traitement des terres constituent des défis cruciaux, au cœur de l’effort de recherche déployé depuis les premiers plans chlordécone de l’État.

Existe-il une solution opérationnelle pour dépolluer les sols, mais qui est trop coûteuse pour que l’État mette en place les moyens nécessaires ?

Non, pas encore – Certaines pistes sont prometteuses en laboratoire mais n’ont pas encore fait leurs preuves en conditions réelles sur le terrain et à grande échelle. De nombreux travaux de recherche sont financés par la Stratégie Chlordécone.

Travaux de recherche : quelles sont les pistes de décontamination des sols ?

Pour faire émerger des solutions, des programmes sont engagés pour la dépollution des sols agricoles contaminés par la chlordécone.

Depuis 2010, trois voies sont étudiées :

La séquestration

En ajoutant du compost ou du charbon actif. L’ajout de compost réduit le transfert sol-plante sur les tests en plein champ. L’ajout de charbon actif a permis de diminuer la présence de la chlordécone en laboratoire.

La dégradation

Sous l’action d’agents chimiques, biologiques ou par combinaison des deux. Elle vise à réduire le stock de chlordécone en transformant la molécule en « produits de transformation ». Cependant, la dégradation complète de la molécule n’a pas encore été obtenue. On constate en effet la production de produits de transformation dont on ignore encore le devenir environnemental et la toxicité. Des recherches complémentaires sont nécessaires.

La phytoremédiation (traitement par les plantes)

Cette approche n’a pas encore fait preuve de son efficacité en conditions réelles et paraît moins prometteuse.

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Il n’y a pas de traitement contre la chlordécone, mais il existe des solutions

Un animal élevé en zone contaminée peut-il être consommé sans risque ?

Oui – s’il suit une phase de décontamination. Il est possible d’adapter les techniques d’élevage pour éliminer les sources d’exposition à la chlordécone et décontaminer le bétail.

Chlordécone et pollution des sols : quelles solutions pour décontaminer les animaux d’élevage ?

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Si vos bêtes mangent de la chlordécone, vous en mangez aussi.

Les animaux élevés sur des sols pollués ou nourris avec des aliments et de l’eau contaminés absorbent la chlordécone, qui va s’accumuler dans leurs tissus. Mais lorsqu’un animal n’est plus exposé à une source de contamination, son corps élimine naturellement la chlordécone.

Le temps nécessaire de décontamination varie selon les espèces et le poids de l’animal. La durée de l’élevage de certaines espèces ne permet pas la décontamination, et les rend donc impropres à la consommation si elles sont issues d’un élevage en zone polluée :

Espèce Décontamination compatible avec la durée de l’élevage


Poules pondeuses
OUI. Elles expulsent rapidement la chlordécone dans leurs œufs.


Cabris et moutons
OUI. Durée d’élevage généralement supérieure à 6 mois.


Porcs
NON. Décontamination lente incompatible avec la durée d’élevage (environ 5 mois).


Bovins
OUI. Durée d’élevage généralement supérieure à 2 ans.

Bovins et décontamination à la chlordécone

Pour aider les éleveurs à gérer ce risque, un dispositif expérimental mis en place en 2021 et 2022 a permis de finaliser un Outil d’Aide à la Décision (OAD INSSICCA). Cet outil permet d’estimer, à partir d’une analyse sanguine, le temps nécessaire à un bovin adulte pour éliminer la chlordécone et obtenir une viande conforme aux normes sanitaires. Aujourd’hui, cet outil est utilisé par le Groupement de Défense Sanitaire de Martinique. Il permet d’accompagner les éleveurs de bovins dans la gestion du risque lié à la chlordécone, leur permettant ainsi de garantir la qualité de leur production et la sécurité des consommateurs.

Une attention particulière doit être portée sur les œufs, qui peuvent concentrer des doses très importantes de chlordécone, si la poule a été élevée sur sol contaminé. Les analyses d’œufs sont gratuites pour les particuliers avec JaFa Martinique.

Afin de protéger les consommateurs, les animaux destinés à l’abattage doivent strictement respecter les limites maximales de résidus (LMR) de chlordécone. Ces limites sont établies par les autorités sanitaires sur la base des données scientifiques. Elles garantissent que la concentration de chlordécone dans les tissus de l’animal ne présente pas de risques pour la santé humaine. Un animal non-conforme ne sera pas commercialisé. Le respect des LMR est contrôlé par l’État (contrôles des denrées).

Le Groupe de défense sanitaire de la Martinique (GDSM) accompagne tous les éleveurs pour réaliser des analyses de leur exploitation afin de déterminer et éliminer afin de déterminer et éliminer les risques de contamination des productions.

Les éleveurs de bovins en zones contaminées bénéficient également de l’accompagnement du GDSM pour décontaminer leur élevage, ainsi qu’une aide de l’État de 160 à 200 euros par animal pour sécuriser leur production.

Mangé lokal asiré san klordécon

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Les acteurs engagés